Il y a, assurément, beaucoup à dire – et à redire - à l’action diplomatique de l’actuelle administration américaine. Il y aurait toute une critique à mener du cynisme transactionnel, que l’on voit à l’œuvre notamment en Russie, où le règlement futur du conflit avec l’Ukraine se fera, peut-être, en dépit des agacements actuels de Donald Trump vis-à-vis de son « ami Vladimir », au détriment de la petite nation agressée et de son président Volodymyr Zelensky. Par sa brutalité, qui choque à juste raison, la méthode Trump ne se connaît et reconnaît ni totem ni tabou. Ces fortes réserves émises, nul ne peut nier en revanche qu’autour du président américain, parmi ses principaux conseillers comme Steve Wittkof, s’élabore une vision de l’avenir du Moyen-Orient plus articulée, mais aussi plus nuancée qu’on pourrait le croire. Une vision répondant d’ailleurs aussi à une indéniable rationalité stratégique et géopolitique. L’objectif de moyen terme de l’administration américaine est clair : trouver un accord avec l’Iran, qui isole définitivement la menace de l’enrichissement atomique de cette «puissance de seuil » ; éliminer de la scène ses « proxys » les plus agressifs comme le Hamas, déjà très affaibli ; resserrer, raffermir et élargir autour des États-8nis et d’Israël les fameuses alliances sunnites esquissées dès les premiers « accords d’Abraham » en 2020, et incluant potentiellement de nouveaux acteurs comme la Jordanie. Trump n’en démord pas. Il l’a redit dimanche dernier : le chemin de la paix moyen-orientale passe par Riyad et l’Arabie saoudite.
D’étroits contacts ont repris entre Washington et la capitale des lieux saints de l’islam. D’autres puissances occidentales, - France en tête -, s’activent aussi à Riyad via leurs émissaires comme Jean-Yves Le Drian. Benyamin Netanyahou n’est pas forcément défavorable à certains aspects à cette vision stratégique. Il sait, bien sûr, que, pour parvenir à cette fin, 'Donald Trump exigera de lui des gestes, et peut- être aussi des concessions - notamment l’acceptation de la remise en selle de l’Autorité palestinienne. Cela ne l’enchante pas et il s’y prépare, afin de gérer le plus à son avantage possible l’inévitable rapport de force avec le président des États-Unis. D’ici 2026, Israël devrait assister et participer à de larges recompositions dans son voisinage proche.
Si le Hamas, verbalement, se montre prêt à une trêve, c'est bien sûr parce que ses chefs, endurcis à la rouerie et à la violence, savent que la recomposition en cours leur laisse une faible marge de manœuvre. ■