Communauté

Arié Flack : « Remettre l’OSE au cœur des besoins du judaïsme français »

4 minutes
11 septembre 2025

ParGérard Clech

Arié Flack : « Remettre l’OSE au cœur des besoins du judaïsme français »

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Votre parcours personnel vous a conduit à la présidence de l’OSE. Qu’est-ce qui nourrit cet engagement ?

Arié Flack : L’engagement militant au service de la communauté a toujours été un marqueur familial puissant. Le parcours d’éducateur à l’OSE de mon oncle Nathan Khaïat a aussi été une inspiration. Après une carrière dans la banque d’affaires entre Londres et Paris, j’ai été trésorier de l’OSE, vice président du FSJU et président de la campagne Tsedaka. Lorsque le CA de l’OSE a souhaité élire un nouveau président, j'étais prêt à relever le défi.

Successeur de Jean-François Guthmann, quelles sont vos priorités ?

A.F. : Je respecte pleinement le travail accompli par mon prédécesseur.

Mon ambition est aujourd’hui de moderniser l’association pour la remettre au cœur des préoccupations du judaïsme français, dans une période de grande déstabilisation.

La nouvelle gouvernance illustre cet élan avec l’arrivée de personnalités publiques comme Agnès Buzyn, Emmanuelle Wargon ou Éric Danon, des praticiens hospitaliers respectés comme Michèle Lévy-Soussan et des entrepreneurs de talent comme Daniel Szeftel, Tamia Menez, Bruno Hayem ou Stéphane Aisenberg. Pour la première fois depuis vingt ans, un directeur général issu de l’interne a été nommé, Éric Ghozlan, entouré de deux adjoints, Simon Cahen et Yonatan Halter.

L’OSE est surtout connue pour la protection de l’enfance…

A.F. : C’est notre cœur historique : 40 établissements en Île-de-France et à Strasbourg, près de 1 000 salariés et 6 000 enfants suivis. Tout comme les Apprentis d’Auteuil illustrent l’engagement du monde catholique, l’OSE est la lumière juive qui, dans la société française, protège les enfants en danger dans toute leur diversité. /es juges nous confient prioritairement les enfants juifs en difficulté, mais nous accompagnons aussi d’autres publics fragiles. Nous renforçons notre action de prévention, notamment via la médecine scolaire dans les écoles juives avec l’appui du FSJU. Nous venons aussi de nous voir confier par la Ville de Paris, notre principal partenaire public, l’ouverture de deux maisons d’enfants à Paris pour mieux accueillir fratries et jeunes en détresse...

Vous êtes également actifs auprès des personnes âgées…

A.F. : Notre légitimité pour agir auprès des aînés vient d’abord du fait qu’il s’agit souvent d’anciens «enfants cachés » par l’OSE qui nous demandent de les accompagner. Nous avons ouvert des centres d’accueil de jour Alzheimer, inspirés des pratiques israéliennes, à Paris, Sarcelles et Strasbourg. Nous pilotons aussi des lieux culturels et de socialisation comme le Café des Psaumes ou encore le club socio-culturel Élie Buzyn, qui réunit près de 400 survivants de la Shoah. L’enjeu est désormais d’ouvrir des centres OSE pour nos aînés de l’Ouest (16e/17e, 92) et de l’Est (12e, Vincennes/Charenton) où les besoins sont criants.

Quid du handicap, qui fait aussi partie de vos missions ?

A.F. : Oui, nous avons trois établissements pour jeunes et adultes handicapés mais aussi un ESAT qui emploie 70 travailleurs. J’appelle d’ailleurs tous les entrepreneurs de la communauté à utiliser les services de l’ESAT pour favoriser leur insertion et valoriser leurs compétences.

Comment financez-vous ces actions ?

A.F. : Notre budget annuel est de 60 millions d’euros, dont 90 % proviennent des pouvoirs publics. Or, plus on dépend de l’argent public, moins on est maître de son destin. Nous cherchons donc à renforcer nos fonds propres, en fidélisant de nouveaux donateurs et en nous ouvrant davantage aux entreprises. Nous avons aussi des partenaires institutionnels solides et précieux comme la FMS et la FJF.

Vous développez également une action en Israël. Pourquoi ?

A.F. : Près de 200 000 Juifs français vivent en Israël. Beaucoup vieillissent ou deviennent dépendants. Nous structurons une offre pour eux : ligne d’écoute, groupes de parole, accompagnement administratif. Nous avons rejoint la Israël Trauma Coalition et travaillons avec les services consulaires français et avec Qualita. Notre objectif est de proposer un vrai relais aux familles francophones.

Face à la montée de l’antisémitisme en France, quel rôle l’OSE doit-elle jouer ?

A.F. : Être un acteur de résilience. Ma réponse n’est pas dans la fuite mais dans l'affirmation de nos valeurs, l’engagement dans la société française et la capacité à penser l’avenir du judaïsme français à 20 ou 30 ans. Dès qu’un accident de la vie survient, on doit pouvoir se tourner vers l’OSE. ■ Propos recueillis par Gérard Clech

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