Parlez-nous de cet incroyable livre concept, objet d’art très abouti que vous venez de terminer.
Shirel : Il s’agit d’un ouvrage qui explore la connexion entre la musique, le peuple juif et Dieu. Ce livre met en lumière les parcours de 150 artistes juifs, allant de la musique classique au jazz, de la pop au rock, du métal au rap, sans oublier les chants de Noël et les mélodies de Disney. J’ai composé ce livre comme une chanson, avec des couleurs, des rythmes, un peu de folie et des doutes, comme une respiration après l’orage. J’avais besoin de rassembler de la beauté autour de moi pour oublier l’horreur qui nous entourait et m’étouffait. La musique guérit et caresse l’âme, et les couleurs font naître la joie. J’ai rêvé d’un livre joyeux et lumineux qui révèle le mystère d’un peuple ayant offert au monde des trésors infinis en héritage. Bien que les Juifs représentent à peine 1 % de la population mondiale, leur impact sur l’univers musical est colossal. Leur histoire, souvent marquée par des épreuves, a transformé la musique en un moyen d’éclairer le monde à travers des notes poignantes.
Le livre de 400 pages, relié en lin et bilingue (français et anglais), regorge d'illustrations, de citations et d’anecdotes célébrant non seulement la carrière de ces artistes, mais aussi leur lien profond avec leur judaïsme et leur art. Vous avez fait appel à Marc-Antoine Coulon pour la partie visuelle…
Shirel : Oui, cet illustrateur talentueux m’a offert le cadeau d’accepter ce projet. Il a fait des portraits captivants qui saisissent l’essence de chaque artiste. Nous avons inséré un QR code qui permet aussi d’écouter les artistes au fur et à mesure de la découverte du livre. C’est un cheminement visuel, sonore et historique et je suis fière de ce projet qui apporte de la simha, de la joie dont on a tellement besoin en ce moment.
Le 18 juin, vous présenterez le livre en proposant des pastilles musicales à l’ECUJE….
Shirel : Là encore, je vais innover avec une sorte de conférence en chanson,accompagnée par Benjamin Petrover (voir aussi p.37). Une sorte de dédicace du livre chantée…
Le 23 juin, vous vous produirez au Palais des Glaces, une soirée, co-organisée par TSEDEK / Aide aux Enfants et NETSAH, au profit des enfants défavorisés des villages d’Afula, Dolev et Hadera, en Israël. Ces enfants, arrachés à des foyers en détresse, trouvent là-bas une chance de se reconstruire. Yentl, c’est votre histoire ?
Shirel : Oui, c’est un spectacle très personnel mais universel aussi. C’est une création qui explore l’histoire de Yentl, ainsi que la mienne et celle de 17 femmes israéliennes issues de diverses origines. Ces femmes ont été filmées et interviewées, et leurs témoignages apparaissent à différents moments du spectacle. Les thèmes abordés sont variés : la mémoire, la figure paternelle, le souvenir, le lien avec la terre, et bien d’autres, tous liés à la condition féminine, présentée sous différents angles, sans jugement, simplement en laissant ces femmes s’exprimer, tout comme Yentl le fait dans le film. De mon côté, je partage ma propre expérience. J’interprète des chansons de Michel Legrand ainsi que mes compositions personnelles, tout en racontant mon Alyah et ma conversion et encore bien d’autres sujets qui me tiennent à cœur.
Soutenir les enfants en difficulté cela vous tient aussi à cœur…
Shirel : Offrir un avenir à des enfants qui vivent dans des villages d’accueil car retirés de leurs familles par décision de justice est une vraie inspiration. L’association Netsah, fondée par Bruno Lellouche, a accompli des prouesses depuis le 7 octobre, et je suis très heureuse de pouvoir chanter pour cette cause ainsi que pour Tsedek qui soutient aussi les enfants en difficulté. Quand on m’explique que c’est pour les enfants, pour Israël et que cela peut avoir un impact, je suis là, prête à me déplacer.
Qu’en est-il de cette pépite inattendue que constitue l’album John Abraham et Émilie Rose ?
Shirel : C’est une histoire incroyable ! Tout a commencé avec une énorme fuite dans ma maison. Pendant que les ouvriers cassaient tout, je me suis mise au piano et j’ai composé une chanson.
Le lendemain en studio, l’ingénieur du son commet une erreur et met ma voix deux tons et demi en dessous. Résultat : j’entends une voix d’homme magnifique ! L’ingénieur m’a encouragée à poursuivre. J’ai donc imaginé un album qui permettrait à John (qui racontait des histoires à la radio) et Abraham, mes deux grands-pères, de s’exprimer, ainsi que mes deux grands-mères dont l’une était chanteuse de jazz. Je les ai fait revivre dans cet album assez fou.
Vos projets artistiques sont originaux et toujours liés à votre identité
Shirel : J’aime transformer les concepts qui paraissent impossibles en les faisant passer à travers mon filtre tout en étant inspirée par quelque chose de plus grand. Tous les projets que l’on évoque portent des messages importants et je sens que je suis guidée et aidée pour leur donner naissance. ■