Mémoire

En juin 1993, René Bousquet était abattu à son domicile

HISTOIRE En juin 1993, l’ancien secrétaire général à la Police de Vichy, âgé de 84 ans, était abattu à son domicile, avenue Raphaël, dans le 16ème arrondissement de Paris, par Christian Didier, atteint de troubles psychiques, privant ainsi la France d’un procès alors que la chambre d’accusation venait de clore l’instruction de son dossier, le conduisant à être jugé pour crimes contre l’humanité.

2 minutes
20 juin 2025

ParClaude Bochurberg

En juin 1993, René Bousquet était abattu à son domicile

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Avant Bousquet, son délégué en zone occupée, Jean Leguay, avait été inculpé en 1979 de crimes contre l’humanité pour sa participation à l’organisation de la rafle du Vel' d’Hiv, et une deuxième fois en 1986, dans le cadre de l’affaire Papon, mais ce haut fonctionnaire de Vichy ne fut jamais traduit devant une cour d’assises, puisqu’il mourut dans son lit en 1989. Et, c’est à la suite de son décès en juillet 1989, que Serge Klarsfeld déposa plainte contre René Bousquet, quelque temps plus tard.

Ainsi, celui qui avait rang de ministre de la Police aurait dû se retrouver en septembre 1989 devant la chambre d’accusation de la cour d’appel, qui allait décider de le renvoyer devant les assises. Le réquisitoire édifiant nourri sur le plan historique par Serge Klarsfeld montrait qu’il s’était « rendu complice d’actes de barbarie, d’arrestations et de séquestrations arbitraires, d’enlèvement de mineurs de moins de 15 ans, suivis de la mort de ceux-ci…» en proposant le 2 juillet 1942 que la police française collabore avec les autorités allemandes. La photo prise ce jour-là est éloquente. On y voit Bousquet, souriant, offrant une main tendue aux dignitaires nazis, dont Karl Oberg, avec lesquels il s’entendit, afi n que ses forces de police fassent le travail les 16 et 17 juillet 1942.

Ce collaborateur « précieux », bien noté par l’occupant, puni en 1949 d’indignité nationale, mais vite amnistié, échappa donc à une condamnation en regard de l’Histoire. Avant sa mort, on retiendra qu’avec les Klarsfeld, nous l’empêchâmes toutefois de dormir, en manifestant sous ses fenêtres, munis de nos banderoles, réclamant justice pour le rôle criminel qu’il avait joué et qui avait été passé sous silence durant des décennies. À preuve, il fi t après la guerre une belle carrière en siégeant dans différents conseils d’administration prestigieux, tout en étant reçu à la table du président Mitterrand.