France

Fin de vie : une loi controversée au cœur d’une société divisée

Alors que l’Assemblée nationale débat du droit à l’aide à mourir, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une rupture éthique majeure et le flou d’un texte aux conséquences potentiellement irréversibles.

2 minutes
31 mai 2025

ParLaetitia Enriquez

Fin de vie : une loi controversée au cœur d’une société divisée

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Depuis le 12 mai, les députés examinent deux propositions de loi : l’une sur les soins palliatifs, l’autre sur l’aide à mourir. Si la première fait consensus, la seconde, plus sensible, divise la société et le monde politique. Plus de 3 300 amendements ont été déposés, preuve de l’intensité du débat. Le texte d’Olivier Falorni prévoit qu’un patient atteint d’une affection grave et incurable, en phase avancée ou terminale, dont le pronostic vital est engagé, puisse demander une aide à mourir. Mais la notion de « phase avancée ª, définie par la Haute autorité de santé comme une aggravation irréversible de l’état de santé, reste jugée trop floue par certains. Le député et médecin Philippe Juvin s’alarme : « On ne parle plus de fin de vie. Le texte ouvre l’euthanasie à des personnes qui peuvent encore vivre plusieurs années », évoquant notamment les cas de patients schizophrènes ou atteints de cancers chroniques Les responsables religieux de la Conférence des Responsables de Culte en France

(CRCF) ont également lancé une alerte solennelle le 15 mai, dénonçant les « graves dérives » d’un tel projet. Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, appelle à ne pas toucher à l’équilibre trouvé par la loi Claeys-Leonetti, qui évite à la fois l’acharnement thérapeutique et l’acte de donner la mort : « Pourquoi risquer d’aller plus loin, c’est-à-dire trop loin ? », s’interroge-t-il, dans une tribune publiée la semaine dernière dans les colonnes du Figaro. Il rappelle aussi que « légaliser la possibilité de donner la mort, même encadrée, constituerait une rupture anthropologique majeure ». Cette inquiétude traverse aussi  l’exécutif, divisé autour du sujet. Bruno Retailleau évoque une « rupture anthropologique », Catherine Vautrin parle de « loi strictement encadrée », et Emmanuel Macron y voit un « moindre mal ». Le Premier ministre, François Bayrou, a décidé de scinder le projet de loi

en deux, de manière à laisser la liberté aux députés de voter pour un texte mais pas pour l'autre. Le vote solennel est prévu le 27 mai. ■