France

Gilles-William Goldnadel : « Le wokisme est, selon moi, l’antinazisme devenu fou »

ENTRETIEN Avec Vol au- dessus d’un nid de cocus (Fayard), en tête des ventes, le médiatique avocat poursuit son exploration d’une France qu’il estime gagnée par la confusion morale. Chroniqueur omniprésent, voix singulière dans les médias comme sur les réseaux sociaux, il manie l’humour caustique pour décrire une époque où règne l’inversion des valeurs.

3 minutes
3 décembre 2025

ParFrédéric Elbaz

Gilles-William Goldnadel : « Le wokisme est, selon moi, l’antinazisme devenu fou »

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Vous écrivez (p.35), « Je t’en veux mon Français que j’aime, de laisser la rue à cette gauche extrême». Parlezvous de ce « ventre mou » de l’opinion publique, censé être favorable à Israël mais si peu visible ?

Gilles-William Goldnadel : Je pointe surtout une réalité : la rue appartient aujourd’hui à l’extrême gauche, et ça n’a rien de normal. Cela révèle une forme de paresse ou de renoncement collectif. J’aimerais voir, parfois, une manifestation qui ne soit pas d’extrême gauche : contre la criminalité, l’immigration invasive ou la mainmise du service public. Cette désertion de l’espace public contribue à ce qui nous arrive.

La folie collective que vous décrivez dans votre livre est-elle réversible ou non ?

G-W. G. : Je crains un masochisme occidental toujours actif à l’extrême gauche. C’est un phénomène psychologique autant que politique, capable de perdre l’Occident. Quand on en vient à remercier un président preneur d’otages, on mesure le degré de confusion.

Vous avez écrit ce livre avant la signature de l’accord de cessez-le-feu du 10 octobre dernier. Celui-ci pourrait avoir des effets de rattrapage ?

G-W. G. : Oui, en partie. Le cessez le feu a au moins mis fin au bombardement médiatique -France Inter ne peut plus égrener à chaque heure un bilan du Hamas déguisé en « défense civile ». J’avais critiqué Benyamin Netanyahou pour la prolongation de la guerre, qui coïncidait avec le sommet de la détestation d’Israël : j’y voyais une faute politique. Mais si la pression militaire prolongée a contribué à faire capituler le Hamas, je le reconnais : peut-être aurais-je nuancé certaines formules.

N'est-ce pas justement une position singulière que de dénoncer la détestation systématique d’Israël tout en reprochant au gouvernement israélien d’avoir « plongé inutilement le pays dans l’enfer » ?

G-W. G. : Je dis ce que je pense - et je l’ai dit directement au Premier ministre israélien. Le système politique israélien est fou, ce qui explique bien des choses. Netanyahou est sans doute l’un des plus brillants hommes politiques d’Israël… ce qui est facilité par la bêtise abyssale de certains de ses concurrents, du fait du mode de recrutement. Quant à ma critique, je la formule aujourd’hui, alors que la guerre militaire a été magnifiquement gagnée par Israël, et non pas dans mon Journal de guerre, commencé au lendemain du pogrom du 7 octobre 2023.

« Un mensonge mille fois répété devient vérité révélée », écrivez-vous aussi. Comment lutter contre ce mécanisme ?

G-W. G. : On ne l’empêche pas : on limite la casse. Douglas Murray, que j’admire profondément, a compris cette mécanique de renversement moral. Le wokisme est, selon moi, l’antinazisme devenu fou, et nous en sommes les dernières victimes. Les réseaux sociaux, où vous êtes très présent, constituent-ils un poison ou un antidote ?

G-W. G. : Les deux. Ils sont un amplifi cateur de Kaine et parIois

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