France

Juifs chassés des pays arabes : les vrais réfugiés que l’on voudrait occulter

POLITIQUE Présents par centaines de milliers pendant des siècles, les Juifs encore présents dans les pays arabes ne se comptent plus qu’en centaines, voire en dizaines aujourd’hui. Aujourd’hui plus que jamais, la reconnaissance de leur statut s’impose, tant pour rendre justice à leur histoire que pour lutter contre la délégitimation d’Israël.

3 minutes
5 novembre 2025

ParLaetitia Enriquez

Juifs chassés des pays arabes : les vrais réfugiés que l’on voudrait occulter

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2500 ans de présence effacées en quelques décennies, c’est toute l’histoire des Juifs des pays arabes, assujettis des lois discriminatoires, avant d’être chassés ou contraints à l’exil. La reconnaissance de cette histoire ainsi que du préjudice qui en a découlé constituent la raison d’être de « JJAC », l’organisation américaine qui, depuis 2002, œuvre pour obtenir justice pour les Juifs issus des pays arabes. Un combat qui, pendant longtemps, a eu du mal à se frayer un chemin dans la psyché juive mais qui aujourd’hui reprend vigueur, surtout depuis le 7 octobre 2023. « Face aux discours de contestation de l’État d’Israël et face au récit selon lequel les Palestiniens seraient les seuls réfugiés, on doit rappeler l’histoire des réfugiés juifs des pays arabes et faire valoir leur statut », explique Soukaïna-Noa Brahma, vice-présidente de l’OJRPA, l’Organisation des Juifs réfugiés des pays arabes, créée il y a un an et demi, une émanation de JJAC. Leur but aujourd’hui est d’obtenir que les rpfugips Muifs Epnpfi cient d’un statut de réfugié reconnu, à l’instar des Palestiniens, et que cette histoire soit enseignée dans les écoles françaises. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à le réclamer.

Dans une récente tribune publiée dans Le Figaro, le comédien Ismaël Saidi, auteur de la pièce Jérusalem, qui œuvre pour le rapprochement judéo-arabe se demandait : « Pourquoi parle-t- on du droit au retour de 700 000 Palestiniens et pas du droit au retour de 850 000 Juifs spoliés et chassés des pays arabes ? ». « Peu de gens ont connaissance de ce qu’il s’est passé », poursuit la responsable de l’OJRPA, selon laquelle le montant des spoliations et des biens juifs abandonnés dans ces pays arabes serait évalué à plus de 150 milliards. Pour le faire savoir et obtenir reconnaissance, l’organisation sensibilise les pouvoirs publics et les organisations internationales. En juillet dernier, le député (RN) Joseph Rivière avait accepté de faire de ce sujet une question parlementaire. Alors ministre chargée de l’Égalité et de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé avait répondu en promettant que le groupe de travail mis en place lors des Assises de la lutte contre l’antisémitisme se pencherait sur l’intégration de cette histoire dans les programmes de lycée afin que les jeunes générations comprennent le parcours tourmenté des sociétés juives du Moyen-Orient.

Quant à la reconnaissance du statut de réfugié par les instances internationales, la chose s’annonce complexe. « On est face à une forme de négationnisme de leur part. Notre histoire dérange forcément», analyse Soukaïna-Noa Brahma. Pas question toutefois de renoncer encore. « En septembre dernier, nous avons organisé une conférence, avec l’aide du B’nai B’rith International, au Conseil des droits de l’homme de Genève. Notre prochain objectif est de parvenir à nous faire inviter à l’ONU le 20 juin prochain, lors de la Journée mondiale des réfugiés ». ■ Laetitia Enriquez

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