France

Cérémonie du Vel’ d’Hiv : Patrick Klugman remet le terme de génocide « à l’endroit »

JUSTICE Le président du Comité français pour Yad Vashem, Patrick Klugman, a fustigé, dimanche dernier, l’instrumentalisation de l’accusation de génocide contre Israël et demandé qu’elle entre dans les cas possibles de contestation de crime contre l’humanité.

3 minutes
24 juillet 2025

ParYaël Scemama

Cérémonie du Vel’ d’Hiv : Patrick Klugman remet le terme de génocide « à l’endroit »

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Prenant la parole à l’occasion de la Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux « Justes » de France, dimanche 20 juillet, dans le square du Martyr juif du Vélodrome d’Hiver, le président du Comité français pour Yad Vashem a demandé au gouvernement d’agir sur le détournement de l’accusation de Jénocide afi n qu’il puisse être considéré, dans certains cas, comme une contestation de crime contre l’humanité. Il appelle à suivre l’une des recommandations du rapport fi nal remis à la ministre de l’Égalité entre les Femmes et les Hommes et de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, à l’issue des Assises de lutte contre l’antisémitisme. Également d’aller dans le sens de la proposition de loi déposée par la députée Caroline Yadan. Quelques jours plus tôt, l’avocat avait fait savoir la décision rendue le 2 avril par la cour d’appel, au titre de la loi Gayssot, que « la jurisprudence considère que la minoration des souffrances des victimes de la Shoah et la banalisation des crimes nazis, caractérisent le délit de contestation de crime contre l’humanité ».

Lorsque des « falsificateurs » qualifient de génocide la situation à Gaza... nous y sommes. Ils contribuent insidieusement à relativiser la Shoah et à diaboliser/ nazifier ,Israël. Pour Patrick Klugman, recourir à ce terme de façon abusive, c’est trahir la mémoire et la vérité historique. « Il y a encore des survivantes, des survivants de la Shoah parmi nous », a-t-il dit face à la ministre en charge de la mémoire, Patricia Mirallès. « Nul parmi eux ne peut imaginer ou tolérer que le génocide devienne le mot-valise de tous ceux qui veulent tuer tout ce qui, dans le judaïsme, a survécu à l’extermination sous le commodat de s’en prendre au sionisme ». C’est également perdre sa boussole morale. « Si nous laissons s’installer l’idée que lorsqu’Israël se défend, il est génocidaire et que ceux qui défendent le droit de cet État d’exister et de se défendre sont complices de ce génocide, alors nous aurons perdu la guerre et la raison et surtout, la guerre de la raison », a insisté le président du Comité français pour Yad Vashem. Par ailleurs, ce n’est pas rendre justice aux Gazaouis qui méritent mieux qu’une telle récupération politique. Patrick Klugman est allé jusqu’à citer Philip Sands, l’avocat de la délégation palestinienne devant la Cour internationale de Justice : « Si la Cour, dans dix ans, était amenée à statuer sur la qualification de ce qui s·est passé à Gaza, il est possible que ceux qui argumentent aujourd’hui en faveur de la qualification de génocide soient déçus »…

Tout au long de son discours, l’avocat avait décrit le monde post 7 octobre où tout est inversé, à l’envers et absurde, à l’instar du monde découvert par Alice, l’héroïne de Lewis Carroll, quand elle est passée « de l’autre côté du miroir ». «Il est encore temps de nous demander de quel côté du miroir nous voulons être. ­ À la fin du livre, Alice se réveille dans un salon où tout a repris sa place et réalise que tout cela n’était qu’un cauchemar. J’ai la conviction que se poser la question est déjà commencer à se réveiller et que se réveiller, c’est s’armer de l’esesprit de résistance et de résilience dont la République est le nom. Comme Alice, nous pouvons encore nous réveiller du bon côté du miroir, celui où l’histoire nous oblige et où l’avenir commun est possible ».